JEAN II DE LICHTENBERG - Evêque de Strasbourg 1353-1365

Jean II de Lichtenberg
Jean II de Lichtenberg

Les anciens de notre village connaissent très bien cet illustre personnage dont la statue trône fièrement devant notre église paroissiale.

Son nom ainsi que la forêt des sept communes sont intimement liés.

Cette statue fut érigée en 1905 en l’honneur de sa bienveillance afin de perpétuer ce souvenir, elle trônait au milieu de la place de l’église jusqu’en 1922 date à laquelle elle fut déplacée sur le côté droit afin d’aménager un espace au futur monument en mémoire des enfants de Still, victimes de la première guerre mondiale.

Le monument est signé : Joh. Riegert.

Une rue dans notre village porte également son nom.

Mais qui était Jean II de Lichtenberg ?

Jean II de Lichtenberg, fils aîné de Jean III de Lichtenberg et de Metza de Saarbrücken, naît vers 1315. Après la mort prématurée de son père en 1324, il est placé avec ses frères sous la tutelle de son oncle, Ludemann de Lichtenberg, qui l’envoie peu de temps après au chapitre de la cathédrale de Strasbourg. Sa carrière ecclésiastique commence en 1330 lorsque, à l’âge d’environ quinze ans, il obtient la cure de Zinswiller. Il n’est pas pour autant un religieux contemplatif : à partir de 1335, il est à la tête de sa fratrie dans le conflit qui les oppose à leur oncle au sujet de leur héritage, mais c’est surtout le 1er septembre 1337 qu’il s’illustre, en faisant enlever par ses hommes l’évêque de Strasbourg Berthold de Buchek avec qui il était en conflit sur des questions de discipline ecclésiastique. Libéré cinq mois plus tard, le prélat semble avoir pardonné à Jean, qui obtint de nombreuses charges au sein du chapitre de la cathédrale dans les années suivantes : chantre (1) et échanson (2) en 1343, doyen en 1346 et enfin prévôt (3) en 1349. Il fut nommé par ailleurs en 1352 vicaire de l’évêché de Trêves, puis peu de temps après également de celui de Strasbourg, Berthold de Bucheck étant trop malade pour pouvoir encore pleinement assumer sa charge. Berthold de Bucheck étant décédé quelques mois plus tard, Jean de Lichtenberg est élu évêque par le chapitre le 2 décembre 1353, puis confirmé le 4 janvier 1354. Il se rend alors à Avignon, où il est ordonné prêtre le 9 mars 1354 et célèbre sa première messe trois jours plus tard dans la cathédrale de cette ville. Par la suite, Jean, contrairement à la plupart des évêques contemporains, continuera de célébrer lui-même la plupart des offices. C’est en revanche en accord avec les habitudes des évêques de son temps qu’il s’occupe de politique et de la gestion de ses domaines autant que de religion. C’est d’ailleurs dans l’administration des domaines qu’il s’illustre le plus, notamment en faisant retranscrire et classer dans un registre les chartes concernant l’évêché et le Grand Chapitre. Il achète également progressivement les possessions des comtes d’Oettingen : d’abord les châteaux de Frankenbourg et du Haut Koenigsbourg, puis les villes de Saint-Hippolyte et Erstein, avant de conclure en leur rachetant la charge de landgrave de Basse-Alsace le 31 janvier 1359. Tombé malade à l’automne 1365, Jean II de Lichtenberg meurt dans la nuit du 13 au 14 septembre 1365 et est enterré dans la chapelle Saint-Jean Baptiste de la cathédrale de Strasbourg.

Quels liens avec Still ?

Still avait déjà sa forêt domaniale concédée par l’empereur dont l’évêque tirait son bénéfice en tant que suzerain mais Jean de Lichtenberg fit une donation généreuse à sept villages de la vallée de la Bruche. Cette donation fut renouvelée plusieurs fois, une première fois en 1350, ensuite en 1583 et puis en mars 1705. L’Alsace était devenue française. Il fut opportun de donner une nouvelle légalité à celle-ci. Un document des archives de Strasbourg porte le titre : « Ordonnance et Règlement pour les forêts du val de Bruche ». Une ordonnance que les intéressés de HASLACH et de STILL déclaraient signer dont voici l’essentiel de ce documentimportant: « Par devant le notaire royal de Strasbourg soussigné, fut présent très haut, très puissant et sérénissime Prince Mgr. ARMAND GASTON de ROHAN SOUBIZE, évêque et prince de Strasbourg, LANDGRAVE d’Alsace, Prince du Saint-Empire d’une part ; et d’autre part Mr Jacques SIGELIUS doyen et Louis Luxembourg, chanoine du chapitre de HASLACH, porteurs de la présentation du chapitre du 2 Mars 1705 – concernant le règlement, qui fut fait par Mgr Jean, prédécesseur de la dite Altesse du 15 avril 1583 concernant la coupe et usage – des forêts dites des sept communautés STILL, DINSHEIM, HEILIGENBERG, HAUT-HASLACH, BAS- HASLACH, URMATTE, LITZENHAUSEN ». Signé : PAULUS, Prévost de Haslach et Jacob ANTHONY, Schultheiss(4) de STILL. Voici donc une donation qui remonte le cours des siècles, toujours valide aujourd’hui et qui avec le temps nous a fait oublier les raisons de cette donation mystérieuse.

Lexique :

1-Le chantre ou conducteur de louange assure un ministère de chanteur principal, et généralement instructeur, dans une église, avec des responsabilités pour la chorale ou l'équipe de louange dans la messe ou le culte, ainsi que les répétitions.

2-Un échanson était un officier chargé de servir à boire à un roi, un prince ou à tout autre personnage de haut rang. En raison de la crainte permanente d'intrigues et de complots, la charge revenait à une personne en qui le souverain plaçait une confiance totale. L'échanson devait en particulier veiller à écarter tout risque d'empoisonnement et parfois même goûter le vin avant de le servir.

3-Un prévôt est un titre hiérarchique : dans le cas d'un ordre religieux, il désigne le supérieur de cet ordre.

4-Schultheiss est l’équivalant du maire d’aujourd’hui.

Rédigé par 

Still-Info n° 312 septembre 2021

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